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Une nouvelle maladie virale menace les bovins

Des moucherons culicoïdes infectés transmettent le virus EHD aux bovins et cervidés.

Des premiers cas de maladie épizootique hémorragique (EHD) sont apparus dans le sud de l’Europe et risquent d’arriver en France.

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Fièvre, boiteries, lésions buccales ou détresse respiratoire doivent mettre la puce à l’oreille. Transmis aux bovins et aux cervidés par piqûre de moucherons (culicoïdes), l’EHD est un virus habituellement présent dans les pays chauds. Depuis octobre 2022, des troupeaux italiens et espagnols ont été infectés. « Le taux de mortalité est largement inférieur à 1 % », rassure Stephan Zientara, vétérinaire et directeur adjoint scientifique du laboratoire de santé animale de l'Anses.

La maladie n’est pas contagieuse entre les bovins. Seul un moucheron infecté peut contaminer un animal. Il est malgré tout nécessaire d’isoler une bête infectée, pour limiter le risque que d’autres culicoïdes sains ne la piquent et perpétuent la propagation de la maladie sur la ferme. Les symptômes sont presque identiques à ceux de la fièvre catarrhale ovine (FCO). « Désormais, lorsque la FCO est suspectée, il est indispensable de tester également l’EHD », préconise le vétérinaire.

Faire un test PCR

Les résultats sont disponibles 24 à 48 heures plus tard. La vigilance est de mise en cas de fièvre, baisse de la production, anorexie, lésions buccales ou congestion de la cavité buccale… Car, bien que ce sérotype 8 de l'EHD soit connu, aucun vaccin n'est disponible pour le combattre. Et « les traitements sont peu, voire pas du tout efficaces », constate Stephan Zientara. L’application d’insecticides — individuels ou dans l’environnement — ne montre aucun effet. Observer les symptômes, isoler les animaux malades et les tester rapidement sont les seuls leviers d'action pour minimiser la charge virale sur l’élevage.

« Nous espérons que les moucherons infectés ne parviendront pas à traverser la barrière des Pyrénées », s'inquiète le praticien. Les chaleurs d’été approchent et laissent Stephan Zientara craintif quant à la tournure des évènements. « Les températures de ce printemps sont fraîches, nous ne voyons donc pas encore l’impact de ce virus pour l’année 2023. »

Réchauffement climatique en cause

Les vagues de chaleur permettent aux moucherons d’arriver et de survivre dans les pays du sud de l’Europe. À l’avenir, ils seront peut-être même amenés à monter plus haut sur le continent. « C’était impensable il y a une dizaine d’années. » Ce phénomène est pourtant connu. La fièvre catarrhale ovine chez les animaux domestiques est apparue en France via le même processus. « Généralement, un vent souffle du sud vers le nord quelques semaines avant la détection des premiers cas. »

Pour l’EHD, ce mécanisme typique s’est produit en octobre 2022, en Sardaigne, puis en Sicile et en Andalousie. Et les conditions sont favorables au maintien des culicoïdes sur le continent. « C’est bien le signe d’un dérèglement climatique ».

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